Eloigné de son équipe, et les collaborateurs se sentent abandonnés par leur manager et donc perdus. Omniprésent et ils ne supportent pas ce qui s’apparente à du contrôle excessif. Inversement, un collaborateur trop loin donne l’impression d’être trop indépendant ; trop proche, l’impression d’être trop dépendant. Comment mesurer la bonne distance ?
Lorsque Didier apporte cette question il est épuisé par un membre de son équipe qui l’interroge sans cesse sur ce qu’il doit faire, comment le faire et quand le faire. Les échanges pour la moindre tâche sont sujets à de multiples va-et-vient. A tel point que Didier se demande même si son collègue ne cherche pas le conflit.
Porté par son attitude paternaliste, il répond, toujours et encore, à toutes les sollicitations. Et plus il répond, plus il fatigue… Didier se retrouve face à un dilemme.
- Son collègue l’interpelle, il lui répond. Son collègue pose une autre question et Didier répond une seconde fois. Son collègue trouve alors une autre raison pour le solliciter encore.
- Soit Didier baisse les bras et met fin à l’échange : mais ce comportement n’est pas acceptable et supportable pour lui.
- Soit Didier répond de nouveau : mais il se sent alors persécuté et attend avec réticence la prochaine relance.
Ce que lui suggère le groupe est de faire monter en compétence son collaborateur. Il finira bien par en connaître assez pour devenir autonome. Peut-être… le pari est délicat. Telle que se dessine la relation entre Didier et son subordonné, ce ne sont pas l’incompétence de l’un et la maîtrise de l’autre qui se complètent ; il s’agit avant tout d’un besoin de réassurance du collègue qui trouve son entière expression dans l’attitude paternelle de Didier. Répondre aux questions du collaborateur, c’est donc répondre à son besoin de lui tenir la main.
Comment lui répondre (comment le faire grandir) sans apporter de réponse (sans apporter la liste des tâches à suivre) ?
Il n’est pas évident pour celui qui a le cœur sur la main ou pour celui qui veut toujours faire plaisir à son entourage de voir venir cette « symbiose » avec un interlocuteur qui réclame sans arrêt de l’aide. Rester un bon sénior plein de compassion pour un bon junior en difficulté. Effectivement, nous pouvons donner du poisson à celui qui a faim. Mais lorsqu’il est rassasié, n’oublions pas de lui apprendre à pêcher si nous ne voulons pas créer un lien de dépendance, certes valorisant au début, surtout usant à la longue.
Et maintenant, quelles sont les bonnes questions que nous pouvons poser à celui qui est toujours prompt à donner des réponses ?